Jimmy Thibeault a fait paraître « Devenir l'étranger des lieux. Exclusion et effacement de l'Amérindien et du Métis dans les fictions de l'américanité » dans l'ouvrage L'étranger au prisme des cultures, sous la direction de Mourad Ali-Khodja.
L'histoire des littératures francophones du Canada est marquée par un constant désir de certains écrivains d'inscrire leur écriture dans le sillage de la littérature américaine. Depuis les années 1980, plus particulièrement, l'influence américaine a donné lieu à une entreprise d'appropriation, voire de réappropriation, de l'imaginaire continental par le sujet francophone, que ce soit au Québec, en Acadie ou au Canada français, qui tant désormais à affirmer son américanité. Ces fictions de l'américanité mettent souvent en scène des personnages amérindiens qui participent, d'une manière ou d'une autre, à la quête identitaire des protagonistes. Ces derniers, au contact d'Amérindiens, en viennent effectivement à mieux saisir l'espace continental qu'ils habitent, comme si l'autochtone était détenteur d'un savoir ancestral. Cette ouverture à l'Amérique autochtone entraîne généralement un processus de métissage fortement valorisé dans le discours identitaire francophone cherchant à se positionner par rapport à un territoire qui se veut de plus en plus hétérogène. Mais la célébration d'une Amérique métissée pour justifier la part américaine du sujet francophone ne fait-elle pas des Amérindiens et des Métis les nouvelles figures étrangères du continent ? Quelle place pour ces derniers dans une Amérique plurielle en construction ? Jimmy Thibeault, dans son article, propose d'étudier les représentations du discours amérindien dans quelques romans récents du Canada français.
Référence : Jimmy Thibeault, « Devenir l'étranger des lieux. Exclusion et effacement de l'Amérindien et du Métis dans les fictions de l'américanité », dans Mourad Ali-Khodja (dir.), L'étranger au prisme des cultures, Québec, Presses de l'Université Laval, 2015, p. 117-142.