le Mardi 23 avril 2024
le Lundi 24 avril 2023 7:00 Nos communautés - Clare

Le Centre acadien de l’Université Sainte-Anne a un nouveau directeur

Matthias Duc, nouveau directeur du Centre acadien.  — PHOTO - De gracieuseté - l'Université Sainte-Anne
Matthias Duc, nouveau directeur du Centre acadien.
PHOTO - De gracieuseté - l'Université Sainte-Anne
L’Université Sainte-Anne a annoncé en décembre l’embauche de Matthias Duc pour assumer le rôle du directeur du Centre acadien. Le Courrier a eu la chance de lui poser quelques questions par rapport à ce nouveau chapitre.
Le Centre acadien de l’Université Sainte-Anne a un nouveau directeur
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Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

M. Duc a utilisé le masculin pour alléger le texte de ses réponses.

Pour commencer, j’aimerais savoir en général comment se déroule la relance du Centre acadien.

La relance se déroule très bien, car tous les chantiers avancent. Aussi, comme ils sont nombreux et exigeants, ils vont requérir du temps et de la patience. La pandémie qui a mené à la fermeture et du Centre acadien (Ca) n’a pas aidé. Pour prendre un exemple concret, la base de données généalogiques du Ca était hébergée sur un logiciel qui n’est plus supporté depuis 2014. Il était devenu urgent de migrer ces données vers un nouvel outil, ce qui a nécessité un budget et l’expertise d’un informaticien. 

Plus généralement, il faut comprendre que les services d’archives comme les bibliothèques ont besoin de financement pour prospérer, car elles/ils ne font pas commerce du savoir. C’est à partir de ce constat que l’Université Sainte-Anne a mis en place un budget pour la reprise des activités du Ca.

Sur quoi avez-vous travaillé jusqu’à présent ? 

Excepté ceux de peinture et de réfection des planchers, tous les travaux du Ca sont des chantiers en cours. Il y a une bonne nouvelle, c’est que le Ca a sécurisé assez de financement pour poursuivre sa relance et couvrir les coûts que cela implique au moins pour la prochaine année et probablement plus. 

Un des chantiers a été de réorganiser les espaces dont le Ca a hérité après ses relocalisations successives. Hormis la voûte abritant les archives et le local hébergeant la petite bibliothèque, tous les autres espaces du Ca ont été repensés. Des travaux de rénovation ont été menés dans ces espaces qui sont, pour certains, en cours d’aménagement. 

La réorganisation des espaces a impliqué de gérer aussi tout ce qui était entreposé dedans, accumulé au fil du temps : des artefacts, des centaines de boîtes contenant livres, objets, archives ou autres. Un curateur est venu sur place évaluer les artefacts pour nous aider à prendre les meilleures décisions les concernant. 

Un autre chantier a été le service de généalogie. C’est important pour la communauté et aussi en prévision du Congrès mondial acadien. Il ne s’agit pas seulement d’engager un informaticien pour la migration des données. Il faut penser tout le service dans son ensemble, qu’il soit efficace, adapté à ses usagers ayant différents profils tout en mobilisant un minimum de ressources pour permettre au Ca de bien mener ses autres missions. Il reste quelques détails à régler, mais on approche d’une résolution. C’est un aperçu.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût de devenir directeur du Centre acadien ? 

Le Ca représente une opportunité extraordinaire pour un(e) archiviste francophone. Il abrite notamment des archives témoignant de la vie des premiers francophones en Amérique du Nord. Il s’agit de trésors aussi bien pour les communautés acadiennes et francophones du continent que pour toute personne que ce sujet passionne. 

Aussi, j’ai toujours aimé mes expériences de travail dans les environnements universitaires pour la diversité des personnes que l’on y côtoie. Et dans Clare, il y a, en plus, une forte communauté locale qui vient enrichir ce tissu social. Sur le papier, il était certain que cette expérience allait être aussi enrichissante qu’unique. Finalement, j’étais mûr pour un nouveau défi professionnel.

Comment est-ce que votre expérience en tant que médiathécaire à Radio-Canada/CBC (Edmonton) vous a outillé pour votre rôle à l’Université Sainte-Anne ? 

Il y a des points communs entre les tâches de médiathécaire et celles d’archiviste. Les deux travaillent à préserver des archives, à les classer, les indexer, les rendre accessibles au public. La nuance est que le médiathécaire est un archiviste spécialisé sur l’image et le son. Le fait qu’il y ait des archives sonores et visuelles dans les collections du Ca sera sans doute une occasion de transférer des connaissances acquises lors de mon expérience de médiathécaire.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans le domaine des services d’archives et des bibliothèques ? 

Initialement, j’ai choisi d’étudier en sciences de l’information, car les métiers qui en sont issus (archiviste, bibliothécaire, documentaliste) jouent un rôle essentiel dans la transmission des connaissances. Et c’est à travers cette transmission qu’une société devient meilleure, ultimement. Des individus éduqués et épanouis vont avoir un impact positif sur leur environnement et vice-versa. C’est, pour moi, inspirant et gratifiant de jouer ce rôle d’intermédiaire ou de passeur.

Pourquoi est-ce important pour vous que tous les usagers aient le meilleur soutien possible dans l’accès à l’information ? 

C’est le rôle d’un spécialiste en sciences de l’information et une valeur profonde. On souhaite qu’un usager, sans aucune discrimination, puisse avoir toute l’information dont il a besoin. Car cet élan que constitue une quête pour assouvir son besoin en information est un pas vers une amélioration de sa condition dans l’acquisition de cette information.

J’imagine que vous êtes en train de vous familiariser avec les collections du Centre. Jusqu’à présent, qu’est-ce qui vous fascine le plus dans ces collections ? Avez-vous des documents ou objets préférés ? 

Ce qui est fascinant, c’est la diversité des archives contenues au Ca. Il y a une diversité de fonds et de documents tels que des cartes, des photos, des enregistrements sonores, etc. Il y a aussi des documents rares ou anciens qui ont une importante valeur historique. Je pourrais vous en dire plus quand je connaîtrai mieux toutes ces collections.

Comme mentionné dans le communiqué de l’Université, vous avez de l’expérience dans le développement d’outils pour les étudiant.e.s. Vous avez travaillé notamment sur la conception d’un cours en ligne pour les élèves du campus Saint-Jean, et ce, afin de les aider à développer leurs compétences informationnelles. Quelles sortes d’outils souhaitez-vous développer au Centre acadien pour les chercheurs et chercheuses de l’Université Sainte-Anne ? 

Ce cours en ligne était destiné à combler un besoin important pour les étudiants et les professeurs et c’est pourquoi la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta a soutenu ce projet. Tout projet de développement a donc pour but de combler un besoin. 

Dans l’immédiat, le projet du Ca (qui répond à plusieurs besoins pour des clientèles variées) est de rétablir les services des archives et de la généalogie. Il y a trop d’aspects pour les exposer tous ici en quelques lignes. Il faut garder en tête la finalité, qui est que les usagers, avec leurs différents profils, aient accès à toutes les collections de manière la plus efficace possible dans un environnement accueillant. 

Puisque vous avez travaillé à Edmonton, j’imagine que vous êtes très familier avec les réalités de vivre dans une communauté francophone en situation minoritaire. Pourquoi avez-vous choisi d’œuvrer en milieu minoritaire ? Pourquoi est-ce important pour vous de développer des outils pour des étudiants d’expression française en situation minoritaire ? 

Le fait d’être un francophone dans ma vie personnelle est certainement le facteur déterminant qui m’a amené à travailler en milieu minoritaire francophone. Ce sont plus des circonstances qu’un choix conscient ou prédéterminé. Concernant les outils, pour tout professionnel en sciences de l’information, il est naturel de répondre et de s’adapter aux besoins de ses usagers.

Le Centre acadien est aussi un endroit où les gens en dehors de la communauté étudiante de l’Université peuvent faire de la recherche sur leur généalogie afin de connaître davantage leur histoire. Depuis votre arrivée en janvier, avez-vous eu la chance de rencontrer quelques résidents de la région qui souhaitent découvrir leur histoire ? 

Dès mon arrivée, j’ai commencé à avoir des échanges nourris avec des résidents de la région. Très peu de temps après, j’ai compris que mon premier chantier pour le Centre acadien serait de travailler à rétablir le service de généalogie. La raison est double. C’est, d’une part, de répondre à un besoin important pour la communauté, localement, et d’autre part de se préparer au Congrès mondial acadien de 2024 et à recevoir au mieux les usagers qui seront de passage à cette occasion.

L’ancien directeur du Centre acadien, Clint Bruce, est encore à l’Université. Est-ce que M. Bruce vous donne des conseils ou vous guide dans votre cheminement au Centre acadien ? Si oui, comment ?

Oui, il a répondu à mes questions et a partagé des informations fort utiles à propos de l’histoire du Ca, du service de généalogie, des archives ou encore de projets de recherches les impliquant. Nous serons amenés à collaborer dans le futur puisqu’une des missions du Centre acadien est de faciliter la recherche en études acadiennes et comme vous savez, Clint est un de ses représentants incontournables.